La prise de parole en public est selon le Brain Research Institute, un vrai supplice pour 74 % d’entre nous! La peur de parler en public nous hante des semaines avant le jour J, nous fait balbutier sur place et nous poursuit longtemps en souvenir de notre supposée contre-performance. On l’appelle souvent la «glossophobie», du grec glôssa «langue» et phobos «crainte». Elle arrive même en tête des sondages sur les plus grandes peurs de l’individu ! Une étude américaine de l’Université Chapman, rapportée par le Washington Post, la classe au premier rang de nos appréhensions, devant la peur des hauteurs.
Pour combien d'entre vous, cette peur est liée à notre manque de confiance en soi ? Vous connaissez sur le bout des doigts votre sujet, vous savez que vous le maîtrisez mieux que quiconque et si vous deviez en parler à une ou quelques personnes autour d'un café, il n'y aurait aucun problème. Donc est-ce bien un problème de confiance en soi? Ou est-ce la résurgence de souvenirs pénibles lors de notre enfance, à l'école par exemple ?
Lors de ma formation de coaching, j'ai eu à traverser un module complet sur la prise de parole et heureusement c'est dans un groupe de travail connu sur du long terme avec des liens forts. Un véritable tsunami s'est invité en moi... alors même que je donne des cours de danse et de yoga depuis 20 ans et que chaque semaine je prends la parole devant des groupes de tout univers et âges, et que j'ai animé des cours parfois dans des pays étrangers sans maîtriser la langue à plus de 100 personnes, voyager sans trop savoir où j'allais atterrir parfois, donc je ne crois pas qu'il s'agisse de confiance en soi.
Prendre la parole pour une conférence, pour un laps de temps et peut-être pour convaincre c'est prendre conscience de sa voix, cette voix qui compte, cette voix qui peut se moduler et transmettre tout un tas d'émotions, de son corps que l'on expose ainsi au regard de l'autre, c'est offrir aussi notre regard. Quand je prends la parole dans mon expérience c'est pour mettre l'autre en mouvement, lui donner des clés et transmettre, je ne suis pas dans une position ou mon public est assis et juste m'écoute parler, donc c'est une expérience différente.
Imaginez vous que demain, votre chef vous dise, "allez Céline, demain tu nous pousses la chansonnette sur un air de Cabrel, et puis tu seras évaluée hein" ne ris pas Alexandre çà marche aussi pour toi ... A moins de s'être inscrit.e à The Voice ou de faire un karaoké tous les samedis, je crois qu'on serait pas mal à vivre un grand moment de stress à devoir chanter devant 20, 30 personnes. Et pourtant nous sommes adultes non ? de quoi pourrions nous avoir peur? défendre un projet, mener une réunion ? Certains se sont formés pour la prise de parole car selon le poste occupé la prise de parole est inhérente et c'est mieux d'être à l'aise avec çà ! Certains sont aussi de véritables showman, ils ont çà dans le sang, le sens du spectacle, aimer être au centre de l'attention, vous en connaissez ? (moi oui 🤫)
Bref revenons à nos moutons, car vous voyez où je veux en venir ? il n'y a pas si longtemps ma fille avait une évaluation en musique et devait chanter (bon a 2 ou 3) devant sa classe ; elle est en 5e. Et je ne mesurais pas à quel point c'était l'horreur pour elle. Je ne mesurais pas car j'ai vécu la même chose enfant, et que bon oui c'était un dur moment, un énorme stress que de prendre la parole devant mes camarades de classe, mais comme tout, ben c'est passé.
C'est passé et pourtant aujourd'hui quand je vois le stress vécu à l'idée de ces prises de paroles, quand je mesure le travail encore à faire pour ôter des croyances, et enlever tous ces traumatismes je me dis que oui c'est passé mais qu'est ce que j'aurai aimé m'en passer.
Et aujourd'hui, que vivent nos enfants ? la même chose.
Prendre la parole c'est s'exposer, et je crois que l'on peut s'exposer et se sentir bien en le faisant quand on se sent en sécurité, dans un cadre bienveillant et soutenant.
Quand on est en élémentaire, on a la même maîtresse, les copains sont plus ou moins les mêmes depuis la maternelle, réciter une poésie peut parfois être un peu difficile mais çà va encore, les enfants sont plutôt en confiance.
Au collège !! au secours, repensons à cette professeur de musique que ma fille voit 1h par semaine, des enfants qu'elle ne connaît pas forcément depuis longtemps, l'adolescence et tout le changement qui va avec à bientôt 13 ans, des remarques franchement pas sympas entre les enfants, et même parlons-en (puisque j'en parlerai dans un autre post), des ados au comportement "violent" qui insultent, bousculent et parlent mal dans cette même classe. C'est à mes yeux, vraiment ne pas faire cas des ressentis des ces élèves en leur imposant de s'exposer de la sorte et créant ainsi de réelles angoisses qui peuvent devenir très anxiogènes. L'élément principal n'y est pas : LA SECURITE.
En tant qu'adulte quand on intègre des postes qui nécessitent des prises de paroles on peut suivre des cours, formations pour nous aider à dépasser nos peurs et gérer notre stress. Alors pourquoi ne le faisons nous pas dès l'enfance ou justement nous sommes encore plus fragile? car c'est bien connu, les adolescents sont hyper bienveillants entre eux, se sentent super à l'aise dans leur corps, et savent gérer leurs émotions et le stress encore mieux que les adultes....
Et je vais vous dire, il y a 30 ans, j'étais dans cette même situation, et vous ?
Au niveau de l'éducation nationale, une expérimentation a vu le jour depuis la rentrée 2019 à raison de 30mns par semaine en classe de Français pour travailler l'éloquence auprès de classe de 3e. Et si on apprenait l'éloquence, mais aussi le cadre qui va avec comme le respect et l'écoute de l'autre dès la primaire sans discontinuité.... ? Je vous partage cette courte vidéo au sujet d'un concours de l'éloquence pour des élèves de CM2.
Sources :
https://eduscol.education.fr/630/experimentation-d-un-enseignement-eloquence-en-classe-de-troisieme